Spinoza, le premier du courant des lumières

 

 
Spinoza« Est-il possible ou même concevable qu’un seul auteur du XVIIe siècle, un personnage qui plus est à l’écart, solitaire, issue d’une minorité religieuse méprisée, sans formation, ni statut académique officiels ait pu former une tradition de pensée radicale qui a finalement traversé tout le continent, exercé une influence immense sur les générations successives et ébranlé les fondements même de la civilisation occidentale ? Peut-on sensément affirmer qu’un unique penseur a constitué la source d’un courant de pensée qui a fourni la matrice philosophique, idée d’évolution incluse, de toute l’aile radicale des lumières européennes, position idéologique adoptée par des dizaines d’écrivains à travers le continent, de l’Irlande à la Russie et de la Suède à la péninsule ibérique ? On peut soutenir que oui. » 

Les Lumières radicales: La philosophie, Spinoza et la naissance de la modernité. page 198.


 

 

Rationalisme

 

« Tout ce qui arrive, arrive selon l'ordre éternel et les lois fixes de la nature » « Rien n’arrive contre l’ordre de la nature »
Traité Théologico-Politique chap VI

« Un miracle, de quelque façon qu’on l’entende, contraire à la nature ou au-dessus d’elle, est purement et simplement une absurdité, et il ne faut voir dans les miracles des saintes Écritures que des phénomènes naturels qui surpassent ou qu’on croit qui surpassent la portée de l’intelligence humaine » « Ce qui est contre la nature est contre la raison ; et ce qui est contre la raison, étant absurde, doit être immédiatement rejeté. »
Traité Théologico-Politique Chap VI

« Le vulgaire croit comprendre suffisamment une chose, quand elle a cessé de l’étonner » « le vulgaire se représente un Dieu corporel entouré d’une pompe royale, assis sur un trône élevé, par delà les étoiles, au plus haut de la voûte céleste, sans que cette distance toutefois l’éloigne beaucoup de la terre »
Traité Théologico-Politique Chap VI

« Quand nos adversaires considèrent l'économie du corps humain, il tombent dans un étonnement stupide, et comme ils ignorent les causes d'un art si merveilleux, ils concluent que ce ne sont point des lois mécaniques, mais une industrie divine et surnaturelle qui a formé cet ouvrage et en a disposé les parties de façon qu'elles ne se nuisent point réciproquement. C'est pourquoi quiconque cherche les véritables causes des miracles, et s'efforce de comprendre les choses naturelles en philosophe, au lieu de les admirer en homme stupide, est tenu aussitôt pour hérétique et pour impie, et proclamé tel par les hommes que le vulgaire adore comme les interprètes de la nature et de Dieu. Ils savent bien, en effet, que l'ignorance une fois disparue ferait disparaître l'étonnement, c'est-à-dire l'unique base de tous leurs arguments, l'unique appui de leur autorité. »
Ethique, I, appendice

« La volonté de Dieu, c'est-à-dire l'asile de l'ignorance »
Ethique, I, appendice

« Quelle est en effet la nature de la volonté, et comment meut-elle le corps, c'est ce que tout le monde ignore, et ceux qui élèvent d'autres prétentions et parlent des sièges de l'âme et de ses demeures prêtent à rire ou font pitié. »
Ethique, II, XXXV.

« À tous ces désordres s’est venue joindre la superstition, qui apprend aux hommes à mépriser la raison et la nature »
Traité Théologico-Politique, Chap VII

« la puissance de la nature n'est rien autre que la puissance même de Dieu, il s'ensuit que nous ne connaissons point la puissance de Dieu, en tant que nous ignorons les causes naturelles des choses, il y a donc une grossière absurdité à recourir à la puissance de Dieu quand nous ignorons la cause naturelle d'une chose, c'est-à-dire la puissance de Dieu, elle-même »
Traité Théologico-Politique, Chap I. Spinoza écrira plus tard « Dieu c’est la nature » Ethique, IV, préface

 

Critique des théologiens


« Je sais d’ailleurs que je m’entends au fond, pour le principal, avec les philosophes. Quant aux autres, je ne ferai pas grand effort pour leur recommander mon Traité ; je n’ai aucun espoir de leur plaire ; je sais combien sont enracinés dans leur âme les préjugés qu’on y a semés à l’aide de la religion ; je sais qu’il est également impossible de délivrer le vulgaire de la superstition et de la peur ; je sais enfin que la constance du vulgaire, c’est l’entêtement, et que ce n’est point la raison qui règle ses louanges et ses mépris, mais l’emportement de la passion. Je n’invite donc pas le vulgaire, ni ceux qui partagent ses passions, à lire ce Traité, je désire même qu’ils le négligent tout à fait plutôt que de l’interpréter avec leur perversité ordinaire, et, ne pouvant y trouver aucun profit pour eux-mêmes, d’y chercher l’occasion de nuire à autrui et de tourmenter les amis de la libre philosophie. »
Traité Théologico-Politique, préface

« La piété, la religion, sont devenues un amas d’absurdes mystères, et il se trouve que ceux qui méprisent le plus la raison, qui rejettent, qui repoussent l’entendement humain comme corrompu dans sa nature, sont justement, chose prodigieuse, ceux qu’on croit éclairés de la lumière divine. Mais en vérité, s’ils en avaient seulement une étincelle ils ne s’enfleraient pas de cet orgueil insensé ; ils apprendraient à honorer Dieu avec plus de prudence, et ils se feraient distinguer par des sentiments non de haine, mais d’amour ; enfin, ils ne poursuivraient pas avec tant d’animosité ceux qui ne partagent pas leurs opinions, et si en effet ce n’est pas de leur fortune, mais du salut de leurs adversaires qu’ils sont en peine, ils n’auraient pour eux que de la pitié. »
Traité Théologico-Politique, préface

« Les hommes superstitieux qui aiment mieux tonner contre les vices qu'enseigner les vertus, et qui, s'efforçant de conduire les hommes non par la raison, mais par la crainte, les portent a éviter le mal plutôt qu'à aimer le bien, n'aboutissent à rien autre chose qu'à rendre les autres aussi misérables qu'eux-mêmes ; et c'est pourquoi il n'est point surprenant qu'ils se rendent presque toujours odieux et insupportables aux hommes. »
Traité Théologico-Politique, préface

« Nous voulons nous séparer de cette foule agitée des théologiens vulgaires, et, délivrer notre âme de leurs vains préjugés»
Traité Théologico-Politique, Chap VII

« Je ne vois pas que les théologiens aient jamais enseigné autre chose que les spéculations de Platon ou d’Aristote, et ils y ont accommodé l’Écriture, de peur sans doute de passer pour disciples des païens. Il ne leur a pas suffi de donner dans les rêveries insensées des Grecs, ils ont voulu les mettre dans la bouche des prophètes….  si vous leur demandez (aux théologiens) quels sont les mystères qu’ils voient dans l’Écriture, ils ne vous produiront, je vous l’assure, que les fictions d’un Aristote, d’un Platon, ou d’un autre semblable auteur de systèmes ; fictions qu’un idiot trouverait plutôt dans ses songes que le plus savant homme du monde dans l’Écriture.» 
Traité Théologico-Politique, préface et Chap XIII

« Nous ne pouvons tout à fait les excuser (les théologiens), puisque, pour repousser la raison, ils l’appellent elle-même à leur secours, et prétendent, par des raisons certaines, convaincre la raison d’incertitude. » « je ne les tourmenterai pas davantage ; je pense avoir satisfait à l’intérêt de ma cause »
Traité Théologico-Politique, Chap XV



Exégèse de la bible

 

« On pense que c’est une chose sainte que de n’avoir aucune confiance dans la raison et dans son propre jugement, et qu’il y a de l’impiété à douter de la fidélité de ceux qui nous ont transmis les livres sacrés ; mais ce n’est pas là de la piété, c’est de la folie. »
Traité Théologico-Politique, Chap XV

« On s’imagine que les saintes Écritures cachent de profonds mystères ; et, sur ce fondement, on néglige ses plus utiles renseignements pour se fatiguer à la poursuite d’absurdes chimères » « Ce qu’on nous présente comme la parole de Dieu, ce sont le plus souvent d’absurdes chimères »
Traité Théologico-Politique, Chap VII

« Les prophètes n'eurent pas en partage une âme plus parfaite que celle des autres hommes, mais seulement une puissance d'imagination plus forte » « Les prophéties n'ont jamais rendu les prophètes plus instruits qu'ils n'étaient auparavant, et les ont toujours laissés dans leurs préjugés antérieurs » « comme on croyait alors que Dieu habite dans le ciel, Dieu se révélait en descendant du ciel sur la montagne, et Moïse gravissait la montagne pour parler à Dieu ; précaution parfaitement inutile, s'il avait été capable d'imaginer Dieu en tout lieu avec une égale facilité »  « [les prophètes] n'ont rien enseigné de particulier sur les attributs divins ; mais leurs opinions sur Dieu ont toujours été celles du vulgaire »  « la connaissance prophétique est donc inférieure à la connaissance naturelle »  « c'est s'abuser totalement que de chercher la sagesse et la connaissance des choses naturelles et spirituelles dans les livres des prophètes »
Traité Théologico-Politique, Chap II

« plus les prophètes raisonnent juste, plus la connaissance qu’ils ont des choses révélées approche des connaissances naturelles »
Traité Théologico-Politique, Chap XI

« Moïse assure directement que Dieu est un feu (voyez Deutéron., chap. IV, vers. 24), et il nie aussi directement que Dieu ait aucune ressemblance avec les choses visibles (voyez Deutéron., chap. IV, vers. 12). Que si notre auteur réplique que ce passage ne nie pas directement, mais seulement par voie de conséquence, que Dieu soit un feu, et conséquemment qu’il faut l’approprier à ce sens pour qu’il ne semble pas le nier, accordons alors que Dieu est un feu ; ou plutôt, pour ne pas partager sa folie, laissons cela de coté et produisons un autre exemple. Shamuel nie directement que Dieu se repente de ses décrets (voyez Shamuel, chap. XV, vers 29), tandis que Jérémie affirme, au contraire, que Dieu se repentit du bien et du mal qu’il avait décrétés (voyez Jérémie, chap. XVIII, vers. 10). Quoi ! ces passages ne sont-ils pas directement opposés l’un à l’autre ? Quel est donc celui des deux qu’on veut expliquer métaphoriquement ? Ils sont l’un et l’autre universels et de plus contradictoires ; ce que l’un affirme directement, l’autre le nie directement. »
Traité Théologico-Politique, Chap XV

« Ceux qui considèrent la Bible, telle que nous l’avons aujourd’hui, comme une sorte de lettre que Dieu, du haut du ciel, a écrite aux hommes, s’écrieront indubitablement que j’ai commis un péché envers l’Esprit-Saint, moi qui ai soutenu que cette parole de Dieu est vicieuse, tronquée, altérée et pleine de discordances, que nous n’en possédons que des fragments… »
Traité Théologico-Politique, Chap XII

« Il est digne de remarque que la plupart du temps les commentateurs eux-mêmes, en s’efforçant de concilier des passages contradictoires, nous montrent la cause de l’erreur qu’ils ne veulent pas reconnaître. »
Traité Théologico-Politique, Chap X

« Dira-t-on que l'Écriture a eu d'autres idées que celles qu'elle exprime, et qu'elle n'a pas voulu les manifester par des raisons qui nous sont inconnues ? Je déclare que c'est là le renversement complet de l'Écriture ; car chacun pourra en dire exactement autant de tous les passages de l'Écriture ; et tout ce que la perversité humaine peut imaginer d'absurde et de mauvais, il sera permis de le soutenir et de le mettre en pratique sur l'autorité de l'Écriture. »
Traité Théologico-Politique, Chap II


Video: la cérémonie d'excommunication de Spinoza


Sur le Christ

« La doctrine du Christ et sa vie comme aussi la doctrine des chrétiens sur le Christ ne s'accordent pas avec mes principes. »
Spinoza, propos rapportés par Albert Burgh (Lettre LXVII).

Pareillement, Oldenbourg écrivait dans une lettre à Spinoza: "On dit encore que vous cachez votre opinion sur Jésus-Christ Rédempteur du monde" (Lettre LXXI)

Donc Spinoza a dit de Jésus ce qu'il pouvait dans son époque mais pas forcément ce qu'il pensait au plus profond de lui-même.


Dans l'Ethique, Spinoza mentionne une seule fois "l'esprit du Christ" mais pas un mot sur Jésus: "l'Esprit du Christ, c'est-à-dire de l'idée de Dieu, de laquelle seule dépend que l'homme soit libre et qu'il désire pour les autres hommes le bien qu'il désire pour lui-même" Ethique,IV,LXVIII,Scholie

 [Jésus-Christ] "n’enseigna autre chose que des principes universels de morale". [Il  a présenté sa morale sous forme d'une loi] "pour se proportionner à l’ignorance et à la grossièreté du peuple." "il est clair que le précepte de Jésus-Christ et de Jérémie sur le pardon des injures et le devoir de céder toujours aux méchants ne sont applicables qu’aux époques d’oppression et dans un État où la justice est négligée, et non point dans un État bien réglé" [De même, pour le précepte] "Ne craignez point ceux qui tuent les corps (voyez Matthieu, chap. XVI, vers. 28) ; car si ces paroles s’adressaient à tout le monde, c’en serait fait de tout gouvernement, il faut nécessairement conclure que l’autorité dont le Christ a investi ses disciples fut donnée à eux seuls en particulier, et que c’est là un exemple dont personne ne peut être reçu à s’autoriser." "qu’enfin la religion soit dégagée un jour des spéculations philosophiques, et ramenée à ce petit nombre de dogmes très-simples que le Christ a enseignés à ses disciples"
Traité Théologico-Politique


Spinoza réduit donc la doctrine de Jésus à la règle d'or (pour pouvoir se réclamer de lui) et à la liberté (qui n'est en fait pas chez Jésus). Dans le TTP, Spinoza loue Jésus-Christ de ne pas obéir à une loi externe (le commandement divin/l'impératif catégorique kantien) mais à une loi qu'il a trouvé en lui (la règle d'or). En cela, Jésus est plus philosophe que les autres prophètes juifs, mais présenter Jésus comme un philosophe était d'abord pour Spinoza une manière polie de le désacraliser.


Spinoza fait comme Erasme. Il réduit le Christ au Christ épicurien pour défendre l'humanisme à travers le Christ-philosophe. Il utilise la force de l'adversaire contre lui. Spinoza fait pareil avec Paul dans le TTP.

Jadis, Jésus a utilisé le masque de la sagesse païenne contre nous pour détruire la philosophie. Aujourd'hui, j'utilise moi aussi la force de l'adversaire contre lui. Je fais pareil en réutilisant le diable contre les croyants !


La page noire de Jesus-Christ



Sur les Hébreux

 

    "L’amour des Hébreux pour la patrie n’était donc pas simplement de l’amour, c’était de la religion. Et cet amour, cette religion, en même temps que leur haine pour les autres nations, étaient tellement encouragés et nourris par le culte de chaque jour qu’ils leur étaient devenus naturels."
Traité Théologico-Politique
 
    "le génie de cette nation était grossier, et les misères de l’esclavage avaient énervé presque toutes les âmes"
"Et certes on aurait grand tort de croire que des hommes accoutumés aux superstitions égyptiennes, grossiers, misérables, aient eu quelque idée saine de Dieu, ni que Moïse leur ait enseigné autre chose que la manière de bien vivre, non en philosophe et par la liberté de l'âme, mais en législateur et par la force de la loi. La règle de la vie vertueuse, c'est-à-dire la vie véritable, le culte et l'amour de Dieu, furent donc pour eux une servitude, bien plutôt qu'une vraie liberté"
Traité Théologico-Politique

    "Il est certain, en effet, que sous le rapport de l'entendement, ils n'ont eu, comme on l'a fait voir dans le chapitre précédent, que des idées très-vulgaires sur Dieu et la nature ; ce n'est donc point par cet endroit qu'ils ont été le peuple élu." "Toutes les nations sont égales, Dieu n'ayant sur ce point aucune sorte de préférence ni d'élection pour personne"
Traité Théologico-Politique
 
   "après la destruction de Jérusalem, Dieu n’exige plus des Juifs aucun culte particulier, et ne leur demande que de pratiquer la loi naturelle imposée à tous les humains." "C’est là justement le contraire du sentiment des Juifs : ils prétendent que les croyances vraies et la vraie règle de conduite ne servent de rien à la béatitude, tant que les hommes ne sont éclairés que de la lumière naturelle et ne connaissent pas la loi révélée à Moïse. Voici les propres paroles de Maimonides, qui ose professer ouvertement cette doctrine"
Traité Théologico-Politique

    "Il ne nous reste plus qu'à répondre à quelques autres raisons que donnent les pharisiens pour se persuader à eux-mêmes que l'élection des Juifs n'a pas été temporaire et relative à l'établissement de leur empire, mais éternelle." Traité Théologico-Politique "les Pharisiens sont demeurés fidèles à eux-mêmes pendant des milliers d'années, non du tout par l'effet d'une contrainte exercée par l'État mais par le seul effet de la superstition." Lettre à Albert Burg

"Spinoza a déclaré une guerre philosophique totale à l'esprit du judaisme"
Bernard-Henri Lévy - On n'est pas couché 13 février 2016 - (vers 20:55 - 22:05)


Utilité de la Bible pour faire obéir le vulgaire

   "j’ai montré en effet que l’Écriture n’a jamais pour objet d’expliquer les choses par leurs causes prochaines, mais seulement de les présenter dans un certain ordre et avec un certain style capables d’exciter la dévotion des hommes, particulièrement du vulgaire ; et c’est pourquoi elle s’exprime sur Dieu et sur toutes choses d’une façon très-peu exacte ; car ce n’est point la raison qu’elle veut convaincre, c’est l’imagination qu’elle veut frapper."


Contre le pouvoir temporel des églises


« Nous voyons en effet certains hommes se livrer avec une extrême licence à toutes sortes de manœuvres pour s’approprier la plus grande partie de ce droit et, sous le voile de la religion, détourner le peuple, qui n’est pas encore bien guéri de la vieille superstition païenne, de l’obéissance aux pouvoirs légitimes, afin de replonger de nouveau toutes choses dans l’esclavage »
Traité Théologico-Politique, préface

« Il n’y a rien de plus funeste à la fois à la religion et à l’État que de confier aux ministres du culte le droit de porter des décrets ou d’administrer les affaires publiques »
Traité Théologico-Politique, Chap XVIII

« Tout ce par où l'Église romaine se distingue, est entièrement superflu et ne repose en conséquence que sur la superstition seule ».
« Laissez donc cette superstition funeste, et reconnaissez la raison que Dieu vous a donnée ; cultivez-la si vous ne voulez pas vous ranger parmi les brutes. Cessez, je le répète, d'appeler mystères d'absurdes erreurs, et de confondre piteusement l'inconnu, le non encore connu avec des croyances dont l'absurdité est démontrée, tels les terribles secrets de cette Église que vous croyez surpasser ».
« Si vous voulez […] aussi examiner l'histoire de l'Église (dont vous semblez être très ignorant), de façon à voir combien de contre-vérités sont contenues dans les livres pontificaux, et par quel destin, quels artifices, le pontife romain, six cents ans après la naissance du Christ, a conquis le commandement de l'Église, je ne doute pas que vous ne veniez à résipiscence ».
Spinoza, lettre LXXVI à Monsieur Albert Burgh.

Liberté d’expression et de religion

 

« Le culte intérieur adressé à la Divinité et la piété en elle-même appartiennent en propre à chacun et ne peuvent être soumis à la volonté d’un autre. »
Traité Théologico-Politique, Chap XIX

« Dans un état libre, chacun a le droit de penser ce qu’il veut et de dire ce qu’il pense »
Traité Théologico-Politique, Chap XX

« Le but de l'état, c'est la liberté »
Traité Théologico-Politique, Chap XX

Pour la démocratie / Contre la monarchie

 

« Le grand secret du régime monarchique et son intérêt principal, c’est de tromper les hommes et de colorer du beau nom de religion la crainte où il faut les tenir asservis, de telle façon qu’ils croient combattre pour leur salut en combattant pour leur esclavage, et que la chose du monde la plus glorieuse soit à leurs yeux de donner leur sang et leur vie pour servir l’orgueil d’un seul homme »
Traité Théologico-Politique, préface

« Les rois, maîtres du gouvernement, ne combattant plus pour obtenir la paix et la liberté, mais pour acquérir de la gloire, entreprirent tous, à l’exception de Salomon (dont le génie et la sagesse devaient mieux éclater pendant la paix), des guerres sans cesse renaissantes » « les rois, dont l’esprit est sans cesse enflé d’orgueil et qui ne sauraient fléchir sans honte, restèrent obstinément attachés à leurs vices jusqu’à la ruine entière de Jérusalem. »
Traité Théologico-Politique, Chap XVIII

« Nul n’est tenu, selon le droit de nature, de vivre au gré d’un autre, mais chacun est le protecteur né de sa propre liberté »
Traité Théologico-Politique, préface

« Dans la démocratie les ordres absurdes sont moins à craindre que dans les autres gouvernements »  « Je pense, par ces explications, avoir montré assez clairement en quoi consistent les fondements de la démocratie ; j’ai mieux aimé traiter de cette forme de gouvernement, parce qu’elle me semblait la plus naturelle et la plus rapprochée de la liberté que la nature donne à tous les hommes. » « Par ce moyen, tous demeurent égaux, comme auparavant dans l’état naturel »
Traité Théologico-Politique, Chap XVI

 
 
 

Difficultés de compréhension et erreurs courantes d’interprétation de la philosophie de Spinoza


Spinoza: Une Quête Existentielle.


  Entendre Nietzsche dénoncer l'inversion des valeurs


  Celse, le premier philosophe contre les chrétiens


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